Page 139 - Programme du Festival du court métrage 2015
P. 139
FESTIVAL DU COURT MÉTRAGE
DE CLERMONT-FERRAND - 2015
China
Retrospective Taming the Dragon
La Chine
à l’honneur Apprivoiser
le dragon
While the seventh art in China today boast le 7e art chinois peut aujourd’hui s’enorgueillir
some thirteen thousand screens and over five hundred feature films produced per year, such fervent activity has not always been the norm. Even in the early 1990s, when the country was recovering from major political changes, only sixteen State studios had the official authorization and means to produce films. In an underground frenzy of independence and freedom, filmmakers of the “Sixth Generation” used the cinematic medium to give a face to social reality, to society’s outcasts, to those left by the wayside. They blazed a trail whose paths continue to multiply. In 2010, a member of this pioneering group, Jia Zhangke, de- clared: “Learning how to center films on the torrent of life while imbuing them with an authentic, personal gaze is what we will be trying to do in the future.” The short film makers of the current decade definitely share this heritage and enthusiastically accept their challenge. The twenty-nine films presented here form part of a snapshot of contemporary China, in all of its diversity and immensity. The eyes of a Russian immigrant, the silhouette of an old man, a children’s tale, grassroots movements all overflow with emotion, bearing witness to the unbridled acceleration of an empire in flux. On the one hand, Zhu Rikun denounces the Kafkaesque absurdity of an identity check in The Questioning, where the most primitive of hidden cameras hints at the violence that the authorities bring to bear on defenders of human rights. At the same time, Maya Eva Gunst Rudolph’s Horoscope and Ting Liu’s Dinosaur Rider show us that the young Chinese can’t get enough of Joy Division, the Sex Pistols and the Germs. All the things that another New Wave rebuffed as “cold”and “punk”. A sort of “No Future Unlimited”, a song of fury and idleness. Of distance and self-effacement as well, as in Muye Wen’s Battle, where a young Muslim man literally bares himself to prove to his father, through the window of a train, that he has had the rock tattoo removed from his back. A modest reconciliation, a quiet smile that awakens the memory of that old tradition in Chinese law that will have harmony triumph over order.
6 pROGRAMMES
29 FILMS
de quelque 13 000 écrans et plus de 500 longs métrages produits par an, tel n’a pas toujours été le cas.
Encore au début des années 90, au moment même
où le pays sortait de bouleversements politiques majeurs, seuls 16 studios d’État avaient officiellement l’autorisation et les moyens de produire.
Dans une frénésie d’indépendance et de liberté,
les réalisateurs de la “6e Génération” s’étaient alors clandestinement emparés de l’outil cinéma pour offrir
un visage à la réalité sociale, à ses marginaux,
à ses laissés-pour-compte.
Une voie était ouverte, le combat continue.
Membre de cet élan, Jia Zhangke prophétisait en 2010 : “Apprendre à mettre au cœur des films le torrent de la vie
en y portant un regard personnel et authentique est ce à quoi nous nous emploierons à l’avenir.”
Les courts métragistes de la décennie en cours partagent
sans nul doute cet héritage et acceptent cet enthousiaste défi. Les 29 films présentés ici participent de ce portrait
instantané de la Chine contemporaine, dans toute
sa diversité, son immensité.
L’émotion déborde des mouvements de la rue,
des yeux d’une immigrée russe, de la silhouette d’un vieillard, d’un conte pour enfants... témoins de l’accélération
sans frein d’un empire en pleine mutation.
Ainsi, Zhu Rikun fustige l’absurdité kafkaïenne d’un contrôle d’identité dans The Questioning, caméra cachée en format brut où se dévoile en filigrane la violence des pressions exercées par les autorités sur les défenseurs des droits
de l’homme, tandis qu’Horoscope de Maya Eva Gunst Rudolph ou Dinosaur Rider de Ting Liu nous apprennent
que la jeunesse de Chine s’enivre de Joy Division,
des Sex Pistols ou des Germs. Bref, de tout ce qu’une autre Nouvelle Vague comptait de ‘no’, de ‘cold’ ou de ‘punk’.
Une sorte de “No Future Unlimited”, chant de la fureur
et du désœuvrement. De la distance et de l’effacement
de soi également. Comme dans Battle de Muye Wen
où un jeune musulman se met à nu – au sens propre du terme – pour prouver à son père, à travers la vitre d’un train,
qu’il a fait retirer le tatouage rock ornant son dos.
Une réconciliation pudique, un sourire silencieux qui réveille le souvenir de cette ancienne tradition du droit chinois
de faire prévaloir au final l’harmonie sur l’ordre.
s
Si
Xavier Fayet
133